Bonjour,
Un petit topo sur l'exposition des images en 1900..
Mon père n'était pas né, la Grande Guerre n'avait pas encore ravagé notre pays, notre façon de penser, et la photographie existait mais orientée Grand Amateur ou professionnel.
Celui qui faisait de la photo en 1900 avait déjà pourtant le gros problème de l'exposition, vous ne savez pas vous ce que c'est, c'est une image toute noire ou une image toute blanche, et ce de façon irrémédiable, RAW ne signifiait que "cru" en anglais....
Mais avec quoi faisait-on de la photo en dehors de l'appareil, du film ? Et non, des plaques de verre, fragiles, onéreuses, recouverte d'une émulsion qualifiée de sensible.
Sensible à quoi ? À la lumière ? Oui mais quelle lumière ? N'oubliez pas que l'on développait les plaques en lumière inactinique, rouge, orange, à pétrole masquée d'un filtre.
La sensibilité du film était loin de la sensibilité de l'oeil, les plages actiniques, c'est à dire qui noircissaient les plaques étaient légion. Plaques pour le portrait, plaques pour les paysages, chaque marque se prétendant la meilleure sur le seul fait de le dire.
La jungle, je vous dis !
Les premiers appareils de mesure de la lumière évaluaient grossièrement l'intensité de la lumière, sans savoir exactement ce qui influençait la plaque sensible, le rouge étant souvent une couleurs non prise en compte.
Des études de Soleil et de Bunsen et Roscoë depuis 1842 à 1862 avaient trouvé un procédé qui comparait le temps d'exposition à la lumière d'un papier à noircissement direct, le papier changeant de teinte seul, il suffisait de compter le temps que mettait ce papier à prendre une teinte proche d'un étalon connu pour avoir une idée de l'actinisme de la lumière.
Plus le temps de noircissement était rapide pour arriver à la teinte de l'étalon de comparaison, plus la lumière était forte actiniquement parlant.
Ce temps mesuré appliqué à une abaque permettait une mesure précise (!) et le calcul d'un temps de pose à une valeur de diaphragme voulu.
L'appareil dont je vous parle a été inventé en 1893 et grâce à sa fiabilité a joui d'un grand succès.
J'en avais entendu parler, et quand je l'ai vu en vente, mon petit coeur de collectionneur a fait un bond !
Le mien, à moi, est de 1911, il m'est venu dans sa boîte d'origine, elle a subi les affres du temps
Il ressemble à une montre gousset, je vous le présente
Une couronne extérieure avec les valeurs de diaphragmes qui pivote et qui aligné à un temps d'exposition vous ouvre la palette des possibilités d'exposition (mode P)
Au milieu haut une lucarne avec de part et d'autre d'une ouverture centrale découvrant le papier à noircissement direct, une plage de teintes.
Le principe, on fait tourner le boîtier afin de découvrir un plage de papier non insolé, on oriente l'appareil vers la lumière à mesurer et l'on regarde au milieu la couleur que prend le papier et on compte le temps que cela prend.
Quand on a cette valeur, on appuie sur le verre et place en regard la valeur de 1 seconde avec le chiffre correspondant à la plaque de verre de la marque sélectionnée (dans le manuel) et ensuite c'est lecture directe diaphragme/vitesse
Le dos de l'objet est gravé de petites corrections à appliquer en fonction de variables, joli non ?
À l'intérieur on trouve plaqué au verre grâce à un ressort et un disque de feutre rouge le disque de papier sensible, avec visible les tests déjà faits avec ce papier, quand il a fait un tour complet on recharge
Dans la boîte, une pochette avec papiers de rechanges, livré sous papier plomb, la classe !
Livré également une liste des plaques photographiques en vente en 1911
Ensuite un très beau manuel d'emploi et en français
Alors, votre avis sur ce retour dans le passé, quel gouffre nous sépare de ces photographes qui pourtant nous sont si proches.
Comme je suis collectionneur de matériels photo dans l'âme, cela me fait plaisir de partager mes trouvailles, voir la photo autrement, et si vous m'avez lu jusqu'ici, je ne peux que vous remercier d'avoir partagé ma passion.
Un ami centenaire
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Bien à vous
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Re: Un ami centenaire
Un gros merci pour ce partage
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Re: Un ami centenaire
En-dehors du mode d'emploi je t'ai lu C'est très intéressant de voir ce genre de chose, ça permet de s'imaginer le boulot réalisé par nos aïeuls. Est-ce qu'il est dit si les résultats étaient meilleurs qu'avec la règle du f/16, si tant est que les films avaient une équivalence en iso pour ça et que cette règle était connue ?…
Un matériel formidable : des yeux pour voir et un doigt pour déclencher
Re: Un ami centenaire
Bonjour,Coq wrote:En-dehors du mode d'emploi je t'ai lu C'est très intéressant de voir ce genre de chose, ça permet de s'imaginer le boulot réalisé par nos aïeuls. Est-ce qu'il est dit si les résultats étaient meilleurs qu'avec la règle du f/16, si tant est que les films avaient une équivalence en iso pour ça et que cette règle était connue ?…
Vous avez mis le doigt sur un des problèmes, les films n'étaient pas "panchromatiques"
Leur courbe de sensibilité était bien peu connue en fait.
C'est pourquoi cet instrument est un actinomètre, qui mesure l'actinisme de la lumière, et ensuite on applique une valeur au calculateur.
Je suis prêt à parier que les valeurs proposées sont dues à des tests.
Il est fort probable qu'une cellule moderne ne donne qu'une valeur approximative pour ces anciens films.
En tout cas, cela a été un véritable coup de coeur quand j'ai reçu cet objet, pour un non photographe ce n'est qu'un bel objet,
mais pour ceux qui comme moi ont pratiqué les films argentiques et qui savent que le temps d'exposition n'existe qu'à la prise de vue,
pas de post traitement, c'est bon ou pas, 'est tout.
Je possède une collection de cellules
mais cette dernière, de par son mode de fonctionnement, son âge et sa beauté, occupe une place de choix.
Pour vos retours
Bien à vous
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Re: Un ami centenaire
Sauf erreur de ma part, ce que tu dis est vrai pour la diapo (et encore, c'était surtout vrai pour les hautes lumières il me semble) mais les autres supports (ceux qui étaient/sont dispo) que tu as utilisé, il y avait une lattitude non négligeable au moment du développement des tirages.Jef Peter wrote:En tout cas, cela a été un véritable coup de coeur quand j'ai reçu cet objet, pour un non photographe ce n'est qu'un bel objet,
mais pour ceux qui comme moi ont pratiqué les films argentiques et qui savent que le temps d'exposition n'existe qu'à la prise de vue,
pas de post traitement, c'est bon ou pas, 'est tout.
Le "post-traitement" n'est pas "nouveaux". Certes, c'était moins accessible mais mais ça existait !!! D'ailleurs ne disait on pas: pas de bon photographe sans bon tireur (ou un truc du genre) ?
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Re: Un ami centenaire
En réponse je dirais "oui et non"albatar wrote:Sauf erreur de ma part, ce que tu dis est vrai pour la diapo (et encore, c'était surtout vrai pour les hautes lumières il me semble) mais les autres supports (ceux qui étaient/sont dispo) que tu as utilisé, il y avait une lattitude non négligeable au moment du développement des tirages.Jef Peter wrote:En tout cas, cela a été un véritable coup de coeur quand j'ai reçu cet objet, pour un non photographe ce n'est qu'un bel objet,
mais pour ceux qui comme moi ont pratiqué les films argentiques et qui savent que le temps d'exposition n'existe qu'à la prise de vue,
pas de post traitement, c'est bon ou pas, 'est tout.
Le "post-traitement" n'est pas "nouveaux". Certes, c'était moins accessible mais mais ça existait !!! D'ailleurs ne disait on pas: pas de bon photographe sans bon tireur (ou un truc du genre) ?
Pour un amateur, une latitude de tirage par emploi de papiers plus ou moins doux ou encore de multicontraste donnait une petite ouverture.
Mais rien n'a jamais remplacé un négatif bien exposé, facilement tirable.
Toutefois vous avez raison pour les négatifs couleurs qui avaient été créés qu'avec une grande plage permettant au appareils bas de gamme de faire tourner les machines de tirages.
Pour les films couleurs inversibles, un diaphragme était le maximum tolérable, il fallait bien doser, sinon....
La phrase "Il n'y a pas de bon photographe sans un bon tireur" elle est vraie, les photographes célèbres avaient souvent un oeil formé pour voir, mais ils ne plongeaient pas forcément dans las arcanes de la chimie, avoir un bon tireur était un luxe, j'ai connu des photographes qui apportaient leurs films dans un grand laboratoire, comme Pictorial Services, et qui demandaient qu'ils soient tirés par une personne en qui ils avaient une grande confiance, bien sur tout a un prix.
A l'inverse j'ai connu des tireurs qui n'étaient pas reconnus pour la qualité des prises de vues.
Dans le domaine professionnel, j'ai travaillé chez Linhof, les épreuves sortaient d'une machine à tirer, à la chimie contrôlée, un temps de passage dans les bains à la seconde près, pas de bidouillage possible, les temps d'expositions se devaient d'être exemplaires.
Nous sommes bien loin des possibilités d'un appareil moderne à l'électronique digne d'un vaisseau spacial, et des fichiers RAW... Quel bonheur de ne plus avoir à se soucier de la qualité du temps de pose, si on maîtrise bien son boitier...
Bien à vous
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Re: Un ami centenaire
Merci pour cette réponse bien argumentée
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