OtObOx wrote:Non, pourquoi veux-tu changer de système ? On peut très bien rester sur la répartition. Les métiers pénibles partent plus tôt, c'est tout
Personne n'est d'accord sur "métier pénible". Personne n'acceptera qu'un métier pénible à un moment mais plus à un autre (cheminot ya 50 ans et maintenant c'est pas pénible pareil) sorte du régime "métier pénible". Personne n'est d'accord sur le critère à retenir pour définir la pénibilité. Ca revient à empiler les niches "régimes spéciaux" sans jamais revenir sur celles existantes. Je suis farouchement opposé à TOUTES les niches, quelles qu'elles soient. Elle ne font que matérialiser les corporatismes et monter les uns contre les autres.
Par ailleurs, répartition = ceux qui bossent paient pour ceux qui bossent plus. La durée de cotisation n'a absolument aucun rapport. Autrement dit, pour que certains partent plus tôt, il faut que d'autres partent plus tard pour compenser. Et on creuse encore les inégalités.
La seule solution pour faire un truc
équitable qui tienne compte des carrières longues et de la pénibilité, c'est de ne plus mettre le rapport cotisants/pensionnés au centre du système, mais la durée de cotisation et le rapport cotisation/pension. Et ça ne s'appelle plus "répartition" mais "capitalisation".
Je donne un exemple pour illustrer : l'age légal n'existe plus, tout le monde cotise 45 ans (par exemple, je ne sais pas à quel durée on est à l'équilibre). Celui qui a commencé à 15 ans comme celui qui a commencé à 25, et plus de problème d'équité. Par là-même, mécaniquement, tu règles une partie des problèmes de pénibilité, car on sait que les métiers qu'on commence jeune sont plus physiques, mécaniquement, tu pars 10 ans plus tôt sans aucune dérogation et aucun régime spécial. En plus on doit retomber à peu près sur nos pieds, je doute que les maçons aient plus de 10 ans d'espérence de vie de moins que les cadres. Enfin, au moment du bilan de carrière et sur analyse
individuelle (ça ne peut être qu'individuel) on regarde les séquelles physiques potentielles. Et on conditionne non pas sur la durée mais sur le motant de la pension. On donne plus à tel individu, parceque lui a des séquelles plus fortes que son voisin. Ca permet aussi de tenir compte des accidentés du travail (ignorés royalement dans les débats actuels).
J'ignore totalement si un tel système est viable ou pas, s'il se finance ou pas, et à quelle durée de cotisation il faut se positionner pour être à l'équilibre. Mais je trouve déplorable que la question n'ai même pas été envisagée. Encore du dogme.
OtObOx wrote:C'est exactement le modèle économique que nous avons aujourd'hui, mais on voit bien que ça ne fonctionne pas correctement. Et puis tu oublies un autre moyen de dégager de la richesse : celle choisie par Ford en augmentant ses ouvriers afin qu'ils achètent les voitures qu'ils construisaient
Ca montre bien qu'augmenter les salaires est aussi une méthode parfaitement valable
Le modèle économique actuel, sur ses fondamentaux, est le seul viable... maintenant, il y a des dérives délirantes, dont certaines sont suicidaires. Il faut dénoncer (et régler) les dérives, mais éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain... Depuis 30 ans, des centaines de millions de chinois, indiens, argentins, brésiliens, arabes (émirat etc.), pas mal de pays de l'est depuis la chute du mur, les asiatiques, etc. se sont développés et enrichi grâce au système actuel. Ce n'était jamais arrivé avant, à aucune période de l'humanité.
Pour le fordisme, un peu de sérieux... prend tout, pas seulement ce qui t'arrange... le fordisme est né du progrès technique (des gains de productivité énormes) et de la mise en place de la production de masse, ceci sur le dos des salariés. Ensuite, seulement ensuite, Ford s'est aperçu qu'il fabriquait plus de voiture qu'il n'en vendait. C'est seulement à ce moment-là qu'il s'est dit qu'il allait distribuer une partie plus forte de la valeur ajoutée à ses employés pour qu'ils achètent les bagnoles qu'ils construisaient... seulement à la fin du cycle... et que s'est-il passé ensuite ? Regarde les courbes de l'inflation juste après...
Et on est à l'aube d'exactement le même phénomène, regarde ce qu'il est en train de se passer en chine : ils ont amassé des montagnes de milliards, ils ont développé leur économie en partie sur le dos des chinois, ils dépendent directement (trop) des exportations. Phase 1 du fordisme, production de masse, confiscation de la veleur ajoutée. Là on rentre en phase 2, pour réduire leur dépendance des exportations ils sont en train de distribuer du pouvoir d'achat pour créer un marché intérieur et baisser la dépendances aux exportations. La phase 3 ne va pas tarder, leurs cout de production vont augmenter, ca va générer une inflation de plus en plus forte pour les 20 ans qui viennent. On importe de la désinflation depuis 20 ans en la faisant porter aux chinois, ils vont se développer pendant les 20 ans qui viennent en faisant l'inverse... et on n'y pourra absolument rien... On relocalisera, ça c'est la bonne nouvelle, mais ça coutera extrèmement cher en inflation... quand tu fabriques un jean en chine pour 5€ et le vend en france à 70€, le jour où tu le fabriques en france à 50 (environ) bin il coute 150... facile à saisir, non ?
OtObOx wrote:Comment expliques-tu que les salaires évoluent peu par rapport à toute cette nouvelle richesse créée ? Dans une société équitable, tout devrait évoluer plus ou moins en même temps
Dans les rêves des utopistes, oui. Dans la vraie vie, ça n'est jamais arrivé et n'arrivera jamais... Ensuite, je ne suis pas en train de dire que les choses telles qu'elles sont actuellement me plaisent, jein, attention, pas d'amalgame, hein ?