Un ami centenaire
Posted: Sat 24 Sep 2011, 09:38
Bonjour,
Un petit topo sur l'exposition des images en 1900..
Mon père n'était pas né, la Grande Guerre n'avait pas encore ravagé notre pays, notre façon de penser, et la photographie existait mais orientée Grand Amateur ou professionnel.
Celui qui faisait de la photo en 1900 avait déjà pourtant le gros problème de l'exposition, vous ne savez pas vous ce que c'est, c'est une image toute noire ou une image toute blanche, et ce de façon irrémédiable, RAW ne signifiait que "cru" en anglais....
Mais avec quoi faisait-on de la photo en dehors de l'appareil, du film ? Et non, des plaques de verre, fragiles, onéreuses, recouverte d'une émulsion qualifiée de sensible.
Sensible à quoi ? À la lumière ? Oui mais quelle lumière ? N'oubliez pas que l'on développait les plaques en lumière inactinique, rouge, orange, à pétrole masquée d'un filtre.
La sensibilité du film était loin de la sensibilité de l'oeil, les plages actiniques, c'est à dire qui noircissaient les plaques étaient légion. Plaques pour le portrait, plaques pour les paysages, chaque marque se prétendant la meilleure sur le seul fait de le dire.
La jungle, je vous dis !
Les premiers appareils de mesure de la lumière évaluaient grossièrement l'intensité de la lumière, sans savoir exactement ce qui influençait la plaque sensible, le rouge étant souvent une couleurs non prise en compte.
Des études de Soleil et de Bunsen et Roscoë depuis 1842 à 1862 avaient trouvé un procédé qui comparait le temps d'exposition à la lumière d'un papier à noircissement direct, le papier changeant de teinte seul, il suffisait de compter le temps que mettait ce papier à prendre une teinte proche d'un étalon connu pour avoir une idée de l'actinisme de la lumière.
Plus le temps de noircissement était rapide pour arriver à la teinte de l'étalon de comparaison, plus la lumière était forte actiniquement parlant.
Ce temps mesuré appliqué à une abaque permettait une mesure précise (!) et le calcul d'un temps de pose à une valeur de diaphragme voulu.
L'appareil dont je vous parle a été inventé en 1893 et grâce à sa fiabilité a joui d'un grand succès.
J'en avais entendu parler, et quand je l'ai vu en vente, mon petit coeur de collectionneur a fait un bond !
Le mien, à moi, est de 1911, il m'est venu dans sa boîte d'origine, elle a subi les affres du temps
Il ressemble à une montre gousset, je vous le présente
Une couronne extérieure avec les valeurs de diaphragmes qui pivote et qui aligné à un temps d'exposition vous ouvre la palette des possibilités d'exposition (mode P)
Au milieu haut une lucarne avec de part et d'autre d'une ouverture centrale découvrant le papier à noircissement direct, une plage de teintes.
Le principe, on fait tourner le boîtier afin de découvrir un plage de papier non insolé, on oriente l'appareil vers la lumière à mesurer et l'on regarde au milieu la couleur que prend le papier et on compte le temps que cela prend.
Quand on a cette valeur, on appuie sur le verre et place en regard la valeur de 1 seconde avec le chiffre correspondant à la plaque de verre de la marque sélectionnée (dans le manuel) et ensuite c'est lecture directe diaphragme/vitesse
Le dos de l'objet est gravé de petites corrections à appliquer en fonction de variables, joli non ?
À l'intérieur on trouve plaqué au verre grâce à un ressort et un disque de feutre rouge le disque de papier sensible, avec visible les tests déjà faits avec ce papier, quand il a fait un tour complet on recharge
Dans la boîte, une pochette avec papiers de rechanges, livré sous papier plomb, la classe !
Livré également une liste des plaques photographiques en vente en 1911
Ensuite un très beau manuel d'emploi et en français
Alors, votre avis sur ce retour dans le passé, quel gouffre nous sépare de ces photographes qui pourtant nous sont si proches.
Comme je suis collectionneur de matériels photo dans l'âme, cela me fait plaisir de partager mes trouvailles, voir la photo autrement, et si vous m'avez lu jusqu'ici, je ne peux que vous remercier d'avoir partagé ma passion.
Un petit topo sur l'exposition des images en 1900..
Mon père n'était pas né, la Grande Guerre n'avait pas encore ravagé notre pays, notre façon de penser, et la photographie existait mais orientée Grand Amateur ou professionnel.
Celui qui faisait de la photo en 1900 avait déjà pourtant le gros problème de l'exposition, vous ne savez pas vous ce que c'est, c'est une image toute noire ou une image toute blanche, et ce de façon irrémédiable, RAW ne signifiait que "cru" en anglais....
Mais avec quoi faisait-on de la photo en dehors de l'appareil, du film ? Et non, des plaques de verre, fragiles, onéreuses, recouverte d'une émulsion qualifiée de sensible.
Sensible à quoi ? À la lumière ? Oui mais quelle lumière ? N'oubliez pas que l'on développait les plaques en lumière inactinique, rouge, orange, à pétrole masquée d'un filtre.
La sensibilité du film était loin de la sensibilité de l'oeil, les plages actiniques, c'est à dire qui noircissaient les plaques étaient légion. Plaques pour le portrait, plaques pour les paysages, chaque marque se prétendant la meilleure sur le seul fait de le dire.
La jungle, je vous dis !
Les premiers appareils de mesure de la lumière évaluaient grossièrement l'intensité de la lumière, sans savoir exactement ce qui influençait la plaque sensible, le rouge étant souvent une couleurs non prise en compte.
Des études de Soleil et de Bunsen et Roscoë depuis 1842 à 1862 avaient trouvé un procédé qui comparait le temps d'exposition à la lumière d'un papier à noircissement direct, le papier changeant de teinte seul, il suffisait de compter le temps que mettait ce papier à prendre une teinte proche d'un étalon connu pour avoir une idée de l'actinisme de la lumière.
Plus le temps de noircissement était rapide pour arriver à la teinte de l'étalon de comparaison, plus la lumière était forte actiniquement parlant.
Ce temps mesuré appliqué à une abaque permettait une mesure précise (!) et le calcul d'un temps de pose à une valeur de diaphragme voulu.
L'appareil dont je vous parle a été inventé en 1893 et grâce à sa fiabilité a joui d'un grand succès.
J'en avais entendu parler, et quand je l'ai vu en vente, mon petit coeur de collectionneur a fait un bond !
Le mien, à moi, est de 1911, il m'est venu dans sa boîte d'origine, elle a subi les affres du temps
Il ressemble à une montre gousset, je vous le présente
Une couronne extérieure avec les valeurs de diaphragmes qui pivote et qui aligné à un temps d'exposition vous ouvre la palette des possibilités d'exposition (mode P)
Au milieu haut une lucarne avec de part et d'autre d'une ouverture centrale découvrant le papier à noircissement direct, une plage de teintes.
Le principe, on fait tourner le boîtier afin de découvrir un plage de papier non insolé, on oriente l'appareil vers la lumière à mesurer et l'on regarde au milieu la couleur que prend le papier et on compte le temps que cela prend.
Quand on a cette valeur, on appuie sur le verre et place en regard la valeur de 1 seconde avec le chiffre correspondant à la plaque de verre de la marque sélectionnée (dans le manuel) et ensuite c'est lecture directe diaphragme/vitesse
Le dos de l'objet est gravé de petites corrections à appliquer en fonction de variables, joli non ?
À l'intérieur on trouve plaqué au verre grâce à un ressort et un disque de feutre rouge le disque de papier sensible, avec visible les tests déjà faits avec ce papier, quand il a fait un tour complet on recharge
Dans la boîte, une pochette avec papiers de rechanges, livré sous papier plomb, la classe !
Livré également une liste des plaques photographiques en vente en 1911
Ensuite un très beau manuel d'emploi et en français
Alors, votre avis sur ce retour dans le passé, quel gouffre nous sépare de ces photographes qui pourtant nous sont si proches.
Comme je suis collectionneur de matériels photo dans l'âme, cela me fait plaisir de partager mes trouvailles, voir la photo autrement, et si vous m'avez lu jusqu'ici, je ne peux que vous remercier d'avoir partagé ma passion.